Profession du père – Carpe ‘Blèmes

Profession du père est la première adaptation au cinéma d’un roman de Sorj Chalandon, journaliste et écrivain français, dont l’œuvre a été préalablement adaptée en bande dessinée sous le même titre (scénario et dessin de Sébastien Gnaedig, éditions Futuropolis, 2018). Pour transposer ce récit éminemment personnel de l’auteur lyonnais, c’est le réalisateur Jean-Pierre Améris, Lyonnais lui aussi, qui s’est attelé à la tâche avec Murielle Magellan à l’écriture du scénario.

Le titre « profession du père » fait référence à la ligne intégrée à la fameuse fiche de présentation que l’on retrouve à l’école primaire comme au collège. L’écrit prend forme. Nom : Choulans. Prénom : Emile. Âge : 12 ans. Profession de la mère : assistante dans un cabinet de comptable. Profession du père : parachutiste. Ou chanteur. Ou footballeur. Tantôt ceinture noire de judo, tantôt espion. Bref, un héros.

L’action se déroule au cours des années 1960, la petite famille vit dans l’appartement des beaux-parents d’André Choulans (Benoît Poelvoorde) dans une ville de province qui met un certain temps à se découvrir. Avant ça, la caméra vit en vase clos, où le père Choulans fait une démonstration dans le salon, à table comme devant la télévision, de ses idées arrêtées sur l’actualité ainsi que du projet d’avenir qu’il gamberge pour son fils : sauver l’Algérie française. Dès que le hors-champ se découvre, les convictions du père se retrouvent mises en question par d’autres adultes, jusqu’à ses propres parents qui conseillent à leur petit-fils Emile, de ne pas croire son propre père. S’engage alors pour le prétendu parachutiste et son fils, une descente ascensionnelle, en tandem, dans les bas-fonds du mensonge.

L’unique promesse tenable pour ce père de famille à son fils est celle du spectacle d’un père mythomane dont la représentation (Poelvoorde en maître de cérémonie) dépend uniquement et simplement de son fils (Jules Lefebvres), seul auditoire prêt à le croire, coûte que coûte. Il sera donc question d’Emile ou de l’éducation. Il sera également question de la crédulité d’un enfant, souvent charmant dans son innocente sincérité, du voile porté par une mère (Audrey Dana) qui n’est pas plus capable d’apercevoir une carpe dans une fontaine que les ‘blèmes psychologiques de son mari. Au même titre que la décoration de l’appartement, l’histoire est plus colorée que celle du roman de Sorj Chalandon qui aurait nécessité le noir et blanc tant l’atmosphère du roman est lugubre mais ce qu’on retiendra, dans l’ère conspirationniste dans laquelle est diffusé ce film, c’est qu’à arme inégale, c’est toujours sa vérité qui l’emporte.

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