Le Traître : Parrain, Affranchi et repenti ?

Dans le dernier documentaire Canal+ du cycle Cinéma par… Yvan Attal, le réalisateur français clame son amour aux mythiques films de gangsters américains en passant de la trilogie du Parrain jusqu’à Les Affranchis de Scorsese. Acteur et réalisateur, Yvan Attal et son dernier film intitulé Mon chien stupide est en sortie nationale au même titre que Le Traître de Marco Bellochio, film qu’il pourra désormais citer dans sa liste de films mafieux les plus riches.

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Le Traître raconte l’histoire d’un simple soldat de l’empire italien de la Cosa Nostra qui a l’aura des plus grands mafieux italiens du 20eme siècle. Laissant toute sa famille derrière lui en Italie, excepté sa femme qui l’accompagne, Tommaso Buscetta s’exile jusqu’au Brésil. Pendant ce temps-là, en Italie, les règles des barons de la drogue évoluent et Toto Riina est sur le point de décréter le massacre des chefs de familles rivales de Palerme pour asseoir son pouvoir absolu sur Cosa Nostra. En effet, tous les anciens mafieux ainsi que leurs proches sont décimés pour faire table rase du passé sicilien. Arrêté au Brésil puis extradé en Italie, Buscetta prend une décision qui va changer l’histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra. Sans jamais se repentir puisqu’il respecte toujours les valeurs ancestrales de la Cosa Nostra, Tommaso se lance dans une entreprise plus que dangereuse et belliqueuse contre les mastodontes de l’actuelle Cosa Nostra.

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Le Traître est une fresque magistrale de 2h30 qui s’étale autant géographiquement que temporellement entre les images du passé et celles des actions déroulées en Italie, jusqu’aux États-Unis en passant par le Brésil. On y retrouve de l’action, des scènes bavardes et taiseuses de procès, ainsi que des portraits majestueux et détaillés des différents acteurs qui composent cette organisation. L’originalité du film réside là où le danger se dissimulait : ne pas faire table-rase des films classiques tout en s’en démarquant suffisamment pour apporter de la nouveauté. Avec Le Traître, le repenti est au cœur du long-métrage et Bellochio s’attarde davantage sur les hommes, leurs conflits internes autant qu’externes, les relations qu’ils entretiennent entre eux plutôt que sur leurs stratégies de développement du monopole de la drogue qui n’apparaît pas à l’écran. Les scènes de procès, visitées et revisitées, sonnent ici l’originalité du récit, son paroxysme de plaisir pour le spectateur face à l’hystérisation des mafieux détenus et accusés. De plus, la tension happe autant le personnage que le spectateur qui frôle la paranoïa comme cette merveilleuse scène du chanteur dans un restaurant américain qui se met à entonner  une musique italienne. Fruit du hasard ou menace de mort ?

Alors que tout le monde s’embrase pour la performance de Joaquin Phœnix dans le Joker, il convient de souligner l’interprétation, pleine de mesure et d’intelligence de  Pierfrancesco Favino dans le rôle de Tommaso Buscetta, digne d’un grand acteur dans un grand film.

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