Pleasure – Tête à queue

« Dans la vallée de ses hanches

S’écoulent les va-et-vient

Des hommes aqueux et libertins

Qui prennent leurs pieds comme on prendrait un manche »

Voilà ce qui arrive lorsque je déculotte mes pensées en tête à queue. Plaisir ou travail ? Travail évidemment. Je reçois un lien de la part du distributeur Bookmakers qui entend travailler main dans la main avec des salles labélisées Art & essai pour diffuser ce film soulèvera des débats. Même question : plaisir ou travail ? demande un douanier à Jessica qui transite de la Suède jusqu’à Los Angeles. Sans même être passée par le scanner à rayons X, la jeune vingtenaire répond : PLEASURE ! La question insoluble était déjà toute répondue dans le titre Pleasure qui semble trancher. Enfin bon, protège-toi bien le vortex anal si tu veux pas te faire enculer par ce titre, trop assuré sur ses talons 16 cm pour ne pas te niquer. Plaisir ou travail ? Comme si l’un et l’autre étaient incompatibles. C’est toujours plus compliqué que ça en a l’air…

Jessica, alias Bella Cherry, se casse de la Suède parce qu’ils sont tous tarés là-bas, direction les States, pays où l’on fourre tout autant des dindes à Thanksgiving que des citrouilles à Halloween. Ce qu’elle veut là-bas, c’est devenir la plus grande star mondiale du porno. Plaisir ou travail ? n’est finalement pas la question cachée dans la culotte de ce premier long-métrage de Ninja Thyberg. Est-ce que ceux qui parlent le plus de sexe sont ceux qui en font le moins ? Dans la cour de récréation, collège Jules Renard, les jeunes hommes aux chaussures botoxées se lâchent. Tous sont experts du porno. Moi compris. « Les mecs ils ont le karma sutra. C’est des vaches à lait de sperme. L’autre, la chiennasse, une Castafiore que je te dis ! » Crari on faisait les mecs qui connaissaient mais on avait tous plus de chtars sur le visage que d’idées dans la tête. En vrai, le porno on y connaissait que dalle.

Heureusement pour nous, y’a tortue Ninja Thyberg qui sort un film poilu comme la moustache de tonton Didier. D’une intelligence redoutable, la réalisatrice esquive tous les trous des stéréotypes avec un personnage complexe (Sophia Kappel), tantôt éprouvée, tantôt impérieuse, qui apprend à faire ses armes face au patriarcat et au machisme. Dès lors, elle l’affronte, tous les jours, de manière stratégique. Pleasure c’est cinquante nuances de grey mais vraiment, avec des nanas rose pâle, rose pétante, des queutards qui puent de la gueule et d’autres qui sentent l’eau de rose. La sororité elle se fait retourner dans tous les sens, sans jugement, comme l’industrie du porno qui est mise à nu. Ce qu’il y a de beau dans cette fable de femmes fontaines, c’est que la vulgarité elle s’est taillée avec le voyeurisme. C’est garanti sans jugement. Moi je suis content, je serai grave moins con après ce film. J’ai tout de même une pensée pour les puritains qui vont crever dans leurs sièges. Les pauvres, ils vont passer une nuit sans sexe. Une nuit longue et dure…

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